Habité par une centaine de familles, le village de Montréal-Sud est démembré de la Municipalité de paroisse de Saint-Antoine en janvier 1906. Le territoire est limité de l’est vers l’ouest par la rue Joliette et le boulevard La Fayette et du nord vers le sud par le fleuve et le boulevard Desaulniers, avec des pointes jusqu’à Bertrand et Saint-Édouard. Le cœur du village est situé à l'angle des rues Sainte-Hélène et Saint-Laurent. La paroisse Saint-Georges est fondée en 1908. Éclectique dès le début, résidences et commerces s’y côtoient, de même que maisons bourgeoises, logements ouvriers et petites cabanes, comme on peut encore le voir sur la rue Dollard entre la rue Saint-Laurent et le boulevard Desaulniers. Le village suit le modèle d'urbanisme de la ville de Longueuil et développe le secteur avec de rues droites.
Le tramway y circule dès 1910. Le village obtient le statut de ville l'année suivante. Montréal-Sud est une banlieue résidentielle respectable.
Une grande partie du territoire entre la rue Joliette et le boulevard La Fayette, du fleuve Saint-Laurent à la rue Saint-Laurent, appartient au gouvernement fédéral. Le ministère de la Défense nationale y implante un camp militaire en 1941. Ce camp devient un lieu de rencontres pour les militaires et les jeunes adultes de la ville qui se rassemblent pour danser. Le site est peu à peu abandonné après la guerre. Des baraques sont vendues et déménagées pour devenir des églises ou des écoles. Sans industrie, la petite ville a des difficultés à s'adapter à la modernité. Une fusion avec une ville voisine devient imminente.
Pendant plus d’une vingtaine d’années, la rumeur a couru sur la construction d’un tunnel qui relierait Longueuil et Montréal. On voulait alors une structure permettant le passage de deux voies de chemin de fer. Une fois terminé, ce tunnel aurai été le plus long au monde et éclairé à l’électricité.
Dès sa création, Montréal-Sud est essentiellement un quartier résidentiel électrifié avec des résidences bien alignées. À peine visibles sur la rue Victoria (aujourd’hui Saint-Laurent), on voit les rails du tramway, le Trajet 17, qui sera en service en mai 1910. Signe d’une ville bien organisée, la rue est balisée par un trottoir en bois à droite.
Jusqu’au tournant du XXe siècle, la Rive-Sud demeure un environnement dominé par les activités agricoles. En 1910, environ 790 personnes résident à Montréal-Sud. Il n’est pas surprenant que de grandes étendues de la ville soient encore en friche, ou dédiées à l’agriculture et l’élevage. Sur la photo, la rangée de poteaux électriques suggère la proximité d’une route ou d’une ligne de tramway.
Vers 1911, la municipalité construit un réservoir à la proximité du boulevard La Fayette. Elle procède ensuite à l’implantation d’un système d’aqueduc et d’égout. En fin de compte, le réservoir ne sera jamais mis en service puisque Montréal-Sud conclura un accord avec la Ville de Longueuil pour son approvisionnement en eau.
Toujours sur la rue Saint-Laurent (Victoria à l’époque) vers l’est, cette photographie prise en 1920 offre un plan rapproché du tramway ainsi que de l’aménagement des résidences et du trottoir. Ce dernier offre le moyen efficace pour se rendre à pied vers l’ouest, à la rue Sainte-Hélène, le cœur du village à l’époque.
Avec ses quelque 4 000 résidents dans les années 1950, et malgré des moyens assez modestes, Montréal-Sud offrait les services attendus d’une municipalité dont un hôtel de ville ainsi qu’un service de police et d'incendie.
